Audition du Président Dermagne par La Délégation à l'aménagement du territoire

Le 31 mars, Monsieur Jacques DERMAGNE, Président du Conseil Économique, Social et Environnemental de la République Française a été entendu par la "délégation à l'aménagement du territoire", présidée par Monsieur Christian JACOB, et par le groupe d'études "Vols de nuit et nuisances aéroportuaires" présidé par M. Yanick Paternotte.

Cette audition a eu lieu dans le cadre de la Charte développement durable Roissy-CDG.
---
Elle s'est déroluée à l'Assemblée Nationale, Palais Bourbon.


Discours prononcé par le Président Dermagne

Le Site Mission Roissy

Par lettre de mission en date du 4 février 2008, le Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, a chargé M. Jacques Dermagne, président du Conseil économique et social de la République, d’une mission d’élaboration d’une « Charte du développement durable de Roissy – Charles de Gaulle ». Consulter la lettre de mission de Jacques Dermagne :

Lettre de Mission

Fidèle à l’esprit de dialogue qui anime les travaux du CESE, Jacques Dermagne a d’ores et déjà engagé la consultation
- la plus large dans son étendue et la plus libre dans son expression - des parties intéressées par ce dossier : associations, administrations de l’Etat, collectivités locales, organismes d’expertise, acteurs économiques locaux, organisations socio-professionnelles, partenaires internationaux…

Afin de permettre à tous, y compris aux particuliers, de s’exprimer sur le développement durable de Roissy, il a décidé d’ouvrir, depuis le 1er mai 2008, ce site « Mission Roissy », à partir duquel vous pouvez lui adresser votre contribution.

« Promouvoir, par le respect et l’écoute de l’autre,
ce qui unit et marginaliser ce qui divise »


Jacques Dermagne


Vous souhaitez faire connaître votre avis à Jacques Dermagne ?

Envoyez votre contribution à : missionroissy@ces.fr

Les contributions seront déposées, après modération, telles qu'elles auront été adressées.

28 mai 2008

Contribution de Monsieur Jacques Duron

Monsieur le Président,

La mission qui vous a été confiée par le Président de la République me conduit à émettre des réflexions positives et négatives sur un environnement que j’ai connu pendant 28 ans.

En matière de développement économique, le pôle aéroportuaire de Roissy et celui d’Orly, sont des atouts pour la France, l’Ile de France, l’Europe et le Monde entier, à condition que les nuisances sonores et les émanations polluantes des avions ne viennent pas perturber gravement la santé publique et la tranquillité relative des riverains.
La vie quotidienne à proximité d’un aéroport s’apparente à une agression permanente de 5h00 du matin à 23h00 le soir, avec des pics de nuisance les jours de fort trafic. En effet, le bruit et la pollution ont des conséquences irréversibles sur la santé des enfants, des adultes et des personnes âgées (maladies respiratoires, maladie du sommeil, affections cardiovasculaires, hypertension, stress, dépression, surdité…) même si la recherche industrielle a permis la modernisation des aéroplanes depuis 40 ans, la croissance exponentielle des vols est un facteur aggravant. Il faut faire respecter d’abord le couvre feu.
Une des autres solutions contre le bruit consiste à améliorer l’insonorisation de l’habitat existant, comme dans la zone d’Orly, mais aussi de revoir le plan d’occupation des sols et la délivrance des permis de construire dans les zones sensibles comme à Roissy.
A Roissy, ce n’est pas forcément le cas, du fait de l’évidente exigence de loger les salariés du site à proximité de leur lieu de travail
Dans une économie de marché où la mobilité des personnes et le transport rapide des biens est une règle absolue de la compétitivité, le compromis est fragile, voire impossible. Le développement des zones hôtelières, des zones high-tech dans la périphérie ne répond pas non plus au principe de précaution.

Au lendemain du Grenelle de l’environnement, il est souhaitable de réfléchir à l’amélioration de la desserte de Roissy par le rail, la ligne B n’assurant pas un modèle de régularité. Le projet « Charles de Gaulle express » depuis la gare de l’Est avec l’enregistrement des bagages est une bonne solution pour Paris intramuros. La desserte TGV Sud-Est/Nord-Est par la tangentielle donne satisfaction mais elle n’assure pas une part de trafic importante.
Dans le même esprit, il serait opportun d’assurer la desserte de transit entre Orly et Roissy, Orly-VAL via la ligne B à Antony n’est pas une réussite et le coût du transport est élevé. L’expérimentation avec l’Aérotrain de l’ingénieur Bertin près d’Orléans, dans les années 70, pour acheminer rapidement les voyageurs n’apportait pas la bonne solution. L’infrastructure était lourde et le bruit du réacteur incompatible avec la recherche de réducteur des nuisances. Il faut faire confiance au rail pour améliorer durablement cette desserte avec un minimum de rupture de charge. Les anciennes solutions Orly-Rail, Orly-Bus sont inadaptées.
Cette logique est liée au constat que l’accessibilité des aéroports par la route devient un calvaire pour les particuliers, les taxis et les transports collectifs.

Ces quelques réflexions militent pour une prise en compte des nécessités économiques mais aussi sociales et environnementales liées à la proximité des infrastructures aéroportuaires. La solution qui consisterait à multiplier les nuisances en construisant un troisième aéroport à Chartres ou à Amiens ne résoudrait pas non plus le problème. Par contre, l’aéroport de Vatry en Champagne mérite une attention particulière pour le fret à cause de la proximité d’infrastructures routières, ferroviaires et fluviales.
Très cordialement